Analyse vectorielle

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Documents

J. Stewart, Analyse, concepts et contextes, vol. 2, DeBoeck Université (2001)

Motivation

Si f est une fonction continue d'un intervalle I=[a,b] dans , on définit l'intégrale de a à b de la fonction f : a bf(t)dt. Il y a deux propriétés de l'intégration que l'on voudrait généraliser lorsqu'on se place dans 2 ou 3 :

Préliminaires

Champ de vecteurs

Champ de vecteurs

Définition

Un champ de vecteurs (ou champ vectoriel) F sur 3 défini sur un domaine 𝒰 de 3 est une fonction de 𝒰 dans 3. Il est dit continu si F est continu, C 1 si F est C 1 (c'est-à-dire continu et admettant des dérivées partielles continues).
Ainsi, à un point de 𝒰 3, on associe un vecteur F(x,y,z) .

Exemple

Dans les champs de vecteurs représentés graphiquement, les longueurs des vecteurs sont souvent modifiés par un coefficient de proportionnalité pour des raisons esthétiques. Il est souvent aussi plus facile de représenter le champ de directions associé, c'est-à-dire de dessiner des vecteurs unitaires représentant les directions du champ en oubliant son "intensité" c'est-à-dire sa norme. Voici les deux représentations du champ donné par F(x,y)=(,)
.
.
D'autres exemples dans le plan

Représentation graphique d'un champ

Soit F le champ défini par F(x,y)=(,). Voici une représentation de ce champ à droite et la représentation du champ de directions associé à gauche (celui-ci est le champ G défini par G(x,y)=F(x,y)F(x,y) :
.
.

Exemples de champ

Exemple

Ne pas confondre avec un champ scalaire sur 10 qui est pour le mathématicien une fonction d'un domaine de 10 dans RR. Par exemple, le champ de température est la fonction donnant la température en un point le champ de pression est la fonction donnant la température en un point.

Exemple

Vous avez rencontré en physique des champs de vitesse champs de force, des champs électriques, des champs magnétiques, des champs électrostatiques, des champs de vitesse, des champs gravitationnels. Quelle grandeur physique représente dans chaque cas le champ ?

Le gradient

Définition

Soit f:𝒰 3 une fonction de 3 variables. On lui associe un champ de vecteurs appelé champ de gradient et noté grad f ou nabla f :
(x,y,z)f(x,y,z)=(fx(x,y,z),fy(x,y,z),fz(x,y,z))
En posant M=(x,y,z) ,
gradf(M)=(fx(M),fy(M),fz(M)).
Exercice

Autres notations

Pour plus de détails relatifs aux fonctions de plusieurs variables, au gradient et aux courbes de niveau, voir Doc Fonctions de plusieurs variables

Champ de vecteurs associé à une équation différentielle

Soit f une fonction sur un ouvert 𝒰 de 2. On considère une équation différentielle y=f(x,y) et on lui associe le champ de vecteurs suivant : à un point M=(x,y) de 𝒰, on associe le vecteur unitaire de direction (1,f(x,y)). C'est donc le vecteur (11+f(x,y) 2,f(x,y)1+f(x,y) 2). Si y=φ(x) est une solution sur un intervalle I, on a ddx(x,φ(x))=(1,f(x,y)) et le vecteur tangent à la courbe d'équation y=φ(x) en un point est colinéaire au champ de vecteurs associé à l'équation différentielle.

Exemple

Voici le dessin des directions associés à l'équation différentielle
y=
.

Systèmes différentiels

Soit
{x(t) =f 1(x(t),y(t)) y(t) =f 2(x(t),y(t))
un système d'équations différentielles. Le champ de vecteurs associé est le champ de vecteurs F=(f 1,f 2) (champ de vitesse par exemple).
Une courbe intégrale est, disons, une courbe paramétrée c:I(c 1(t),c 2(t)) qui est C 1 et qui vérifie
{c 1(t) =f 1(c 1(t),c 2(t)) c 2(t) =f 2(c 1(t),c 2(t))
En chaque point, la tangente est de direction le champ de vecteurs F. On les appelle aussi lignes de courant : ce sont par exemple, les trajectoires d'un objet dont le champ de vitesse est le champ de vecteurs considéré.

Exemple

.
Le champ associé au système différentiel
{x(t) = y(t) =
est donné par
F(x,y)=(,)

Formes différentielles

Rappels sur les formes linéaires

Définition

Une forme linéaire h sur l'espace vectoriel 3 est une application linéaire de 3 dans .
Par exemple, la projection (x,y,z)x est une forme linéaire de 3, notons-la e 1 *. De même, la projection (x,y,z)y est une forme linéaire, notons-la e 2 *.
Toute forme linéaire h est représentée (dans la base usuelle (e 1,e 2,e 3) de 3) par une matrice à une ligne et 3 colonnes (a 1,a 2,a 3) et on a
h(x,y,z)=h(xe 1+ye 2+ze 3)=xh(e 1)+yh(e 2)+zh(e 3)
=xa 1+ya 2+za 3=(a 1e 1 *+a 2e 2 *+a 3e 3 *)(x,y,z)
c'est-à-dire
h=a 1e 1 *+a 2e 2 *+a 3e 3 *.
Ainsi, toute forme linéaire sur 3 est combinaison linéaire des (e 1 ,e 2 ,e 3 ).

Exercice

Vérifier que si f est une forme linéaire sur n, il existe un vecteur v tel que f(u)=uv pour tout vecteur u de n.

Formes différentielles

Commencer par des rappels sur les formes linéaires avant la définition suivante :

Définition

Une forme différentielle alpha (de degré 1) sur un ouvert 𝒰 de n est la donnée en chaque point M de 𝒰 d'une forme linéaire α(M). En coordonnées,
α(M)= i=1 nP i(M)e i *
Par exemple pour n=5 , cela s'écrit
α(M)=P 1(M)e 1 *+P 2(M)e 2 *+P 3(M)e 3 *+P 4(M)e 4 *+P 5(M)e 5 *
Pour n=2, avec des notations un peu différentes,
α(x,y)=P(x,y)e 1 *+Q(x,y)e 2 *
α=Pe 1 *+Qe 1 *

Exemple des formes différentielles associées à une fonction

Soit f:𝒰 n une fonction de n variables. On lui associe la forme différentielle de degré 1
df= i=1 nfx ie i *= i=1 nD i(f)e i *
Par exemple, pour n=5 ,
df=D 1(f)e 1 *+D 2(f)e 2 *+D 3(f)e 3 *+D 4(f)e 4 *+D 5(f)e 5 *
Pour n=2,
df=fxe 1 *+fye 2 *
Si f(x,y)=x, on obtient df=e 1 *, si f(x,y)=y, on obtient df=e 2 *. D'où la notation commode dx=e 1 *, dy=e 2 * et l'expression plus familière qu'il faut retenir
df=fxfx+fydy.
et lorsqu'il y a n variables,
df= i=1 nfx idx i= i=1 nD i(f)dx i
Pour n=1 La notion (ou notation) si on remplace n par est la suivante : à une fonction d'une variable F sur un intervalle I de , on associe Le champ F est un champ de gradient si F est la dérivée d'une fonction f. La forme différentielle associée est alors df=fdx, d'où la notation f=dfdx.

Lien entre champs de vecteurs et formes différentielles

Champs de vecteurs et formes différentielles sont extrêmement liés. Si
α= i=1 nP idx i
est une forme différentielle sur n, on lui associe le champ de vecteurs
F α=(P 1,,F n)= i=1 nP ie i.
En posant dM=(dx 1,,dx n), on a alors symboliquement
α=F αdM.
Par exemple, si f est une fonction sur n, le champ de vecteurs associé à la forme différentielle df est égal à gradf et on a
df=gradfdM

Intégration le long d'une courbe

On désire définir l'analogue de a bα= [a,b]α avec α=f(x)dx. Pour cela on remplace le segment [ a,b] de par une courbe paramétrée de 2 ou de 3 et f(t)dt par une forme différentielle ou par FdM.

Rappels sur les courbes paramétrées

Définition

Une courbe paramétrée (plane) est une application d'un intervalle I de dans n, ce qu'on appelle aussi fonction vectorielle . Le paramètre est t, l'image de cette application est formée des points de la courbe.
Autrement dit, si n=5 , une courbe paramétrée dans 5 est donnée par
c:tI(c 1(t),c 2(t),c 3(t),c 4(t),c 5(t)).
On note 𝒞=c(I) l'image de c. Lorsque I est un intervalle fermé borné [a,b], les points extrémités de 𝒞 sont les points c(a) et c(b). La courbe est fermée si c(a)=c(b). On écrit par exemple
x 1=c 1(t)
x 2=c 2(t)
x 3=c 3(t)
x 4=c 4(t)
x 5=c 5(t)
    t[a,b]

On ne regardera que des courbes C 1 par morceaux sur un intervalle fermé, c'est-à-dire telles que les 5 fonctions c 1 , c 2 , c 3 , c 4 , c 5 soient continues et C 1 par morceaux, on appelle une telle courbe un chemin de A=c(a) vers B=c(b).

Vecteur tangent à une courbe paramétrée

En un point t où les c i sont dérivables et tel que les c i(t)) ne soient pas tous nuls, le vecteur vitesse ou vecteur tangent est le vecteur v(t)=(c 1(t),,c n(t)) ou encore v=dcdt. Par exemple, pour n=5, la tangente à la courbe en c(t) a la représentation paramétrique
x 1=c 1(t)+uc 1(t)
x 2=c 2(t)+uc 2(t)
x 3=c 3(t)+uc 3(t)
x 4=c 4(t)+uc 4(t)
x 5=c 5(t)+uc 5(t)
pour u, ce qui traduit la relation de colinéarité des vecteurs c(t)M et v(t) : c(t)M=uv(t).
Le cercle paramétré par x=,y= et son vecteur vitesse

1

Exercice sur la droite tangente à une courbe paramétrée.

Changement de paramètres

On peut changer le paramétrage, c'est-à-dire remplacer t par t=φ(τ)varphi est une bijection d'un intervalle J sur I, continue, dérivable, à dérivée continue et strictement positive . Prenons n=4 . La nouvelle courbe paramétrée est donnée par C=(C 1 , C 2 , C 3 , C 4 ) avec C 1(τ)=c 1(φ(τ)) , C 2(τ)=c 2(φ(τ)) , C 3(τ)=c 3(φ(τ)) , C 4(τ)=c 4(φ(τ)) pour τJ. Les points des deux courbes paramétrées sont les mêmes. Mais le vecteur vitesse n'est pas le même :
dCddτ(τ)=φ(τ)dcdt(φ(τ)).
Nous avons supposé que le changement de paramétrage varphi est croissant, ainsi la courbe est "parcourue" dans le même sens de l'extrémité A vers l'extrémité B.
Choix paramétrés

Longueur d'une courbe et abscisse curviligne

Prenez la dimension n aléatoire ou

Théorème

Soit C une courbe paramétrée dans 2 C 1 par morceaux d'équations paramétrées
x=c 1(t),y=c 2(t)
pour t[a,b]. La longueur de la courbe est égale à
long(C)= a bc 1(t) 2+c 2(t) 2dt.

Pour des détails et une démonstration dans le cas de 2, voir le document Doc Longueur et intégrale curviligne .
Rappelons simplement qu'une abscisse curviligne est un nouveau paramétrage de la courbe par la longueur définie à partir du paramétrage donné t par
s(t)= a tc 1(t) 2+c 2(t) 2dt.

Intégrale curviligne d'un champ de vecteurs

Prenez la dimension n aléatoire ou

Définition

Soit c:I=[a,b] 4 une courbe paramétrée et 𝒰 un ouvert contenant 𝒞=c(I). Soit F un champ de vecteurs sur 𝒰. On définit l'intégrale curviligne du champ de vecteurs F=(F 1 , F 2 , F 3 , F 4 )= F 1e 1 + F 2e 2 + F 3e 3 + F 4e 4 le long de 𝒞 comme
𝒞FdM= a bF(c(t))dcdtdt= a b(F 1(c(t))c 1(t) + F 2(c(t))c 2(t) + F 3(c(t))c 3(t) + F 4(c(t))c 4(t) ) dt
L'intégrale curviligne de F ne dépend pas du paramétrage de la courbe , mais uniquement de l'image 𝒞, ce qui justifiera la notation 𝒞FdM. Elle ne dépend pas non plus du changement de coordonnées.

Indépendance par rapport au paramétrage


Un autre paramétrage de 𝒞 est donné par C=cφφ:JI est une bijection, dérivable, de dérivée non nulle, croissante. Ce qu'on appelle aussi un difféomorphisme conservant l'orientation de la courbe.
Calculons l'intégrale curviligne de α=F 1dx 1 + F 2dx 2 en utilisant le paramétrage cφ (cas d'un champ de vecteurs sur 2) rechargez :
JF(cφ(t))d(cφ)dtdt
= J(F 1(cφ(t))φ(t)c 1(φ(t)) + F 2(cφ(t))φ(t)c 2(φ(t)) ) dt
= Jφ(t)(F 1(cφ(t))c 1(φ(t))) + F 2(cφ(t))c 2(φ(t)) ) dt
On fait le changement de variables s=φ(t) : on obtient
I(F 1(c(s))c 1(s) + F 2(c(s))c 2(s) ) ds = 𝒞α
Où est cachée l'utilisation de la croissance de φ ? La formule de changement de variables est
a bg(φ(t))φ(t)dt= φ(a) φ(b)g(s)ds.

L'écriture J pour J=[a,b] signifie a b avec ab. Lorsque φ est décroissante, l'intervalle φ(J) est l'intervalle [φ(b),φ(a)]. Pour φ décroissante, on a donc la formule
JF(cφ(t))d(cφ)dttdt= IF(c(s))dcds(s)ds.
On déduit de ce calcul que

Théorème

La définition de l'intégrale curviligne a bien un sens, à condition de considérer le chemin 𝒞 comme orienté : "on parcourt la courbe de l'extrémité A=c(a) vers l'extrémité B=c(b)".

Changement de coordonnées

Plaçons-nous dans 2. Soit psi un changement de coordonnées x=ψ 1(X,Y), y=ψ 2(X,Y)) de 𝒰 dans un ouvert 𝒱: autrement dit, on se donne une application injective ψ=(ψ 1,ψ 2) de 𝒰 sur un ouvert 𝒱 (donc bijective de 𝒰 sur 𝒱), C 1 et telle que le déterminant de
Jac (ψ)=(ψ 1X ψ 2X ψ 1Y ψ 2Y)
soit partout non nul sur 𝒰. On dit aussi que psi est un difféomorphisme de 𝒰 sur 𝒱.
Soit F=(P,Q) un champ de vecteurs. On applique le changement de variables x=ψ 1(X,Y), y=ψ 2(X,Y) :
dx=ψ 1XdX+ψ 1YdY dy=ψ 2XdX+ψ 2YdY
et F devient dans les coordonnées (X,Y)
P(x,y)dx+Q(x,y)dy = P(ψ 1(X,Y),ψ 2(X,Y))(ψ 1XdX+ψ 1YdY)+Q(ψ 1(X,Y),ψ 2(X,Y))(ψ 2XdX+ψ 2YdY)
(P(ψ 1(X,Y),ψ 2(X,Y))ψ 1X+Q(ψ 1(X,Y),ψ 2(X,Y))ψ 2X)dX
+(P(ψ 1(X,Y),ψ 2(X,Y))ψ 1Y+Q(ψ 1(X,Y),ψ 2(X,Y))ψ 2Y)dY
= P 1(X,Y)dX+Q 1(X,Y)dY
avec
(P 1(X,Y) Q 1(X,Y))=(ψ 1X(X,Y) ψ 2X(X,Y) ψ 1Y(X,Y) ψ 2Y(X,Y))(P(ψ 1(X,Y),ψ 2(X,Y)) Q 1(ψ 1(X,Y),ψ 2(X,Y)))
ou encore
(P 1 Q 1 )=(ψ 1X ψ 2X ψ 1Y ψ 2Y)(Pψ Qψ)=Jac(ψ)(Pψ Qψ)

Théorème

On a
𝒞Pdx+Qdy= ψ(𝒞)P 1dX+Q 1dY
avec (P 1,Q 1) comme ci-dessus.

Exercice

Que donnent ces formules dans le cas du changement en coordonnées polaires x=rcosθ, y=rsinθ ? ne pas chercher à appliquer la formule précédente mais refaire le calcul dans ce cas particulier. Qu'en déduit-on lorsque alpha est de la forme df avec f une fonction de deux variables ?

Intégrale curviligne d'une forme différentielle

Définition

Soit c:I=[a,b] 2 une courbe paramétrée C 1 et 𝒰 un ouvert de 2 contenant 𝒞=c(I). Soit α=Pdx+Qdy une forme différentielle définie sur 𝒰. On définit l'intégrale (curviligne) de la forme différentielle alpha le long du chemin 𝒞 comme
𝒞α= a b(P(c(t))c 1(t)+Q(c(t))c 2(t))dt
Autrement dit, on intègre alpha(c(t)) qui est par définition
(P(c(t))c 1(t)+Q(c(t))c 2(t))dt=P(c(t))dc 1(t)+Q(c(t))dc 2(t)
entre a et b.
De même

Définition

Soit c:I=[a,b] 3 une courbe paramétrée C 1 et 𝒰 un ouvert de 3 contenant 𝒞=c(I). Soit
α=P 1dx 1 + P 2dx 2 + P 3dx 3
une forme différentielle définie sur 𝒰. On définit l'intégrale (curviligne) de la forme différentielle alpha le long du chemin 𝒞 comme
𝒞α= a b(P 1(c(t))c 1(t) + P 2(c(t))c 2(t) + P 3(c(t))c 3(t) ) dt
Ainsi, si F α est le champ de vecteurs associé à alpha, l'intégrale curviligne de alpha le long de la courbe 𝒞 est la circulation de F α le long de la courbe 𝒞.
L'intégrale curviligne d'une forme différentielle le long d'une courbe est indépendante du changement de paramètre croissant et se comporte bien par changement de coordonnées .

Exercice

Exercice

Flux, travail

L'intégrale curviligne d'un champ de vecteurs F le long d'une courbe s'appelle aussi la circulation le long de la courbe. La circulation de F ne dépend que de la composante tangentielle de F à la courbe.
Lorsque le champ vectoriel représente un champ de forces , on parle de travail.
Le flux d'un champ F=(P,Q) à travers une courbe s'exprime aussi comme une intégrale curviligne, celle du champ (Q,P). Ainsi, on a
Flux 𝒞(F)= 𝒞PdyQdx
En remarquant que dn=(dy,dx) "représente" un vecteur orthogonal à dM=(dx,dy) (vecteur tangent) et que (dn,dM) forment une base directe, on voit que le flux de F à travers 𝒞 ne dépend que de la composante normale de F à la courbe .
Exercice

Intégration des champs de gradients

Théorème

Soit f:U n un champ de vecteurs C 1 et c:[a,b] n une courbe paramétrée C 1 d'extrémités A=c(a) et B=c(b). Alors
𝒞gradfdM=f(B)f(A).
C'est une généralisation du théorème
a bf(t)dt=f(b)f(a)
pour une fonction d'une variable (la démonstration s'y ramène d'ailleurs).
Démonstration

Démonstration

Faisons la démonstration pour n=4 . On a
𝒞gradfdM= a b ( D 1(f)(c 1(t),c 2(t),c 3(t),c 4(t))c 1(t) + D 2(f)(c 1(t),c 2(t),c 3(t),c 4(t))c 2(t) + D 3(f)(c 1(t),c 2(t),c 3(t),c 4(t))c 3(t) + D 4(f)(c 1(t),c 2(t),c 3(t),c 4(t))c 4(t) ) dt= a bg(t)dt=g(b)g(a)
avec g(t)=f(c 1(t),c 2(t),c 3(t),c 4(t)) .

D'où la conséquence

Théorème

La circulation d'un champ de gradient le long d'un chemin ne dépend que des extrémités du chemin.
Exemple

Exemples

Exemple

On considère une attraction proportionnelle à la distance à un point O, appelé centre d'attraction. Le champ de vecteurs F vérifie F(M)=mOM. Ainsi
F(x,y)=mxe 1mye 2.
Si f(x,y)=m2(x 2+y 2), on a gradf=F. Donc l'intégrale curviligne de F le long d'un chemin allant d'un point A à un point B ne dépend pas du chemin et vaut m2(OB 2OA 2). Autrement dit, le travail effectué pour aller de A à B ne dépend pas du chemin.

Exemple

On considère une attraction inversement proportionnelle à la distance à un point O. Le champ de vecteurs F vérifie donc
F(M)=mOM 2OM=m(xx 2+y 2e 1+yx 2+y 2e 2).
Il est défini sur 2{O}. Si f(x,y)=m2ln(x 2+y 2), le gradient de f est égal à F sur 2{O}. L'intégrale curviligne (le travail) de F le long d'un chemin allant de A à B qui ne passe pas par le point O ne dépend que de A et de B et vaut m2lnOB 2OA 2.

Caractérisation des champs de gradients

Condition nécessaire

Prenez la dimension aléatoire
Soit F=(F 1 , F 2 , F 3 , F 4 ) un champ de gradient C 1 sur un ouvert 𝒰 de 4 (on dit aussi champ dérivant d'un potentiel ou champ conservatif ) sur un ouvert 𝒰 de 4. Il existe une fonction f C 2 sur 𝒰 à valeurs dans RR telle que gradf=F. Alors on a
F 2x 1=F 1x 2, F 3x 1=F 1x 3, F 3x 2=F 2x 3, F 4x 1=F 1x 4, F 4x 2=F 2x 4, F 4x 3=F 3x 4,
En effet, on a pour i et j compris entre 1 et 4,
F i=fx i et F ix jF jx i= 2fx jx ifx jy i=0
par le théorème de Clairaut-Schwarz

Théorème

Soit f une fonction de n variables x 1,...x n qui est de classe C 2, c'est-à-dire continue et admettant des dérivées partielles d'ordre 1 et 2 qui sont continues. Alors, pour tout indice i et j, on a
2fx ix j= 2fx jx i.
Ainsi, si n=2 , on a les égalités de fonctions
2fx 2x 1= 2fx 1x 2,
ce qui fait 1 égalité.
On aimerait avoir une réciproque. Mais cela dépend de la forme de l'ouvert.

Condition suffisante pour une boule ouverte

Prenons d'abord pour ouvert une boule ouverte.

Théorème

Si 𝒰 est une boule ouverte de 4, tout champ de vecteurs C 1 vérifiant les conditions précédentes
F ix j=F jx i
pour i et j compris entre 1 et 4 est un champ de gradient.
Démonstration

Démonstration


En faisant éventuellement une translation, on peut supposer que le centre de la boule est O. On va sortir de son chapeau une fonction f (potentiel) qui va convenir :
f(x,y)= 0 1(P(tx,ty)x+Q(tx,ty)y)dt
Cela a bien un sens, car si M=(x,y)𝒰 , le point (tx,ty) appartient aussi à 𝒰 puisqu'il est sur le segment [O,M]. Calculons la dérivée partielle de f par rapport à x :
fx(x,y)= 0 1(tPx(tx,ty)x+P(tx,ty)+tQx(tx,ty)y)dt=
0 1(tPx(tx,ty)x+P(tx,ty)+tPy(tx,ty)y)dt=
0 1tddt(P(tx,ty))+ 0 1P(tx,ty)dt=[tP(tx,ty)] 0 1 0 1P(tx,ty)dt+ 0 1P(tx,ty)dt=P(x,y)
Donc, fx=P . De même, fy=Q . De plus, f est bien C 1 (dérivées partielles continues). Ce qui termine la démonstration.

Remarques

Bien que la méthode pour trouver la fonction potentiel n'est jamais de retenir la formule par coeur, il est intéressant de comprendre ce qu'on a fait : La formule donnant f dans la démonstration est l'intégrale curviligne du champ F le long du segment joignant le point O au point M=(x,y), c'est-à-dire [O,M]FdM. Ce segment est entièrement contenu dans l'ouvert 𝒰.
Pour des 𝒰 plus compliqués, il peut exister un champ vérifiant les conditions sur les dérivées partielles et qui n'est pas un champ de gradients : Exemple
Nous allons maintenant voir quelles propriétés on peut demander à 𝒰 pour que le théorème de caractérisation des champs de gradients s'applique.
Indépendamment de tous ces théorèmes, on peut toujours essayer d'intégrer : Technique d'intégration

Théorème général

Théorème

Soit F=(F 1,...,F n) un champ vectoriel C 1 sur un ouvert connexe 𝒰 vérifiant F jx i=F ix j. Si l'intégrale curviligne de F le long d'un chemin contenu dans 𝒰 ne dépend que des extrémités du chemin, alors F est un champ de gradients sur 𝒰.

Remarques

Démonstration

Soit A un point fixé de 𝒰 et P un point de 𝒰 On pose f(P)= A PFdM où on désigne par cette notation l'intégrale curviligne de F le long d'un chemin allant de A à P (par hypothèse, cela ne dépend pas du chemin).
Calculons les dérivées partielles de f en un point P 0. Pour cela, on choisit une boule ouverte contenant P 0 et contenue dans 𝒰 et on note C son centre. On a alors f(P)=f(C)+ C PFdM et on peut prendre comme chemin de C à P le segment CP. Ainsi, la fonction g:M C PFdM est exactement la fonction que nous avons défini dans la démonstration pour une boule ouverte. Comme f(C) ne dépend pas de P, les dérivées partielles de f et de g en P 0 sont égales et on a donc
fx i=F i
pour i compris entre 1 et n.

Technique d'intégration

Si F=(P,Q) est un champ de vecteurs tel que Qx=Py , on cherche une fonction f telle que gradf=F de la manière suivante :

Mais rien ne vaut la pratique !

Exercices

Exercices

Vers le rotationnel

Nous avons vu l'importance pour un champ de vecteurs F=(F 1,...,F n) des fonctions D i(F j)D j(F i) pour 1 leq i,j leq n. Au signe près, il y en a 12n(n1). Pour n=2 : On note rotF=QxPy et on l'appelle le rotationnel de F. C'est une fonction.
Pour n=3 : On note rotF le champ de vecteurs de 3 donné par
D 2(F 3)D 3(F 2),D 3(F 1)D 1(F 3),D 1(F 2)D 2(F 1)
ou si on prend comme variables de F=(P,Q,R) les variables x,y,z le champ de vecteurs
(RyQz,PzRx,QxPy)
et on l'appelle le rotationnel de F.
Pour n>3, on peut encore associer un champ de vecteurs à F dans n(n1)/2 dont les composantes sont au signe près les fonctions D i(F j)D j(F i) mais cela dépasse le cadre de ce cours car il faut alors abandonner les champs de vecteurs pour la notion de formes différentielles.

Théorème de Green-Riemann

Théorème de Green-Riemann

Théorème

Soit 𝒞 une courbe C 1 fermée sans points doubles entourant un domaine 𝒟 et orientée de manière à avoir 𝒟 sur la gauche. Soit F=(P,Q) un champ de vecteurs sur 2 défini et de classe C 1 sur 𝒰. Alors
𝒞Pdx+Qdy= 𝒟(QxPy)dxdy
Autrement dit, avec rot(F)=QxPy et 𝒞 bien orientée
𝒞FdM= 𝒟rot(F)dxdy
Il faut savoir faire la démonstration dans le cas d'un domaine du type
{(x,y)[a,b]×,f 1(x)yf 2(x)}
avec f 1 et f 2 deux fonctions C 1 sur I=[a,b] telles que f 1(x)<f 2(x).
Le théorème de Green a une application très intéressante à la mesure de surfaces planes par le biais du planimètre .

Exemples : courbes où le théorème s'applique

Exemples de courbes où le théorème s'applique

La démonstration du théorème de Green est simple dans le cas d'un domaine du type
{(x,y)[a,b]×,f 1(x)yf 2(x)}
avec f 1 et f 2 deux fonctions C 1 sur I=[a,b] telles que f 1(x)<f 2(x) (domaine de type I) Elle s'applique aussi dans le cas d'un domaine du type d'un domaine du type
{(x,y)×[a,b],f 1(y)xf 2(y)}
avec f 1 et f 2 deux fonctions C 1 sur I=[a,b] telles que f 1(y)<f 2(y) (domaine de type II) On peut aussi l'appliquer à des domaines formés de juxtaposition de domaines de type I ou de type II : par exemple
Mais on peut aussi l'appliquer à des courbes du type suivant à condition de bien orienter la courbe : la courbe extérieure est orientée dans le sens "trigonométrique, la courbe intérieure dans le sens inverse.

Théorème du flux-divergence

Définition

Si F=(P,Q) est un champ de vecteurs C 1, on appelle divergence de F et on note div F la fonction scalaire
div F=Px+Qy.

Théorème

Soit 𝒞 une courbe C 1 fermée sans points doubles entourant un domaine 𝒟 et orientée de manière à avoir 𝒟 sur la gauche. Soit F=(P,Q) un champ de vecteurs sur 2 définie et de classe C 1 sur 𝒰. Alors,
𝒞Fdn= 𝒟DivFdxdy.
En changeant P en Q et Q en P, on obtient
𝒞PdyQdx= 𝒟(Px+Qy)dxdy.
Or, si le vecteur dM tangent à la courbe "est" (dx,dy), le vecteur normal à la courbe sortant "est" dn=(dy,dx) et (dn,dM) forment une base directe (pour passer de dn à dM, on tourne dans le sens trigonométrique) ce qui donne le théorème du flux-divergence en dimension 2.

Exercices autour du théorème de Green

Exercices

Conséquences

Théorème

Si F est un champ de vecteurs de 2 défini sur 𝒰 de rotationnel nul et si 𝒞 est une courbe fermée dans 𝒰, sans points doubles bordant un domaine D contenu dans 𝒰, alors l'intégrale curviligne de F le long de 𝒞 est nulle.
Dans le théorème précédent, certaines hypothèses ne sont pas fondamentales. Par exemple, on imagine bien comment en déduire un résultat similaire pour la courbe suivante qui a un point double
Par contre, l'hypothèse que non seulement la courbe 𝒞 soit contenue dans 𝒰, mais que le domaine qu'elle entoure soit aussi contenue dans 𝒰 est essentielle : revoir l' Exemple F=(yx 2+y 2,xx 2+y 2).
.

Définition

Un ouvert 𝒰 est dit connexe (par arcs) si deux points quelconques de 𝒰 peuvent être reliés par un chemin entièrement contenu dans 𝒰.

Définition

Un ouvert 𝒰 est dit simplement connexe (par arcs) s'il est connexe et si de plus toute courbe fermée sans points doubles dans 𝒰 entoure un domaine entièrement contenu dans 𝒰.

Ainsi, si 𝒰 est un ouvert simplement connexe de 2, l'intégrale curviligne d'un champ de vecteurs de rotationnel nul le long d'un chemin ne dépend que des extrémités du chemin. On en déduit grâce à ce théorème

Théorème

Si 𝒰 est un ouvert simplement connexe de 2, tout champ de vecteurs C 1 dont le rotationnel est nul est un champ de gradient.

Calcul d'aires

Soit 𝒞 une courbe C 1 fermée sans points doubles entourant un domaine 𝒟. Choisissons un champ de vecteurs F dont le rotationnel est égal à 1, c'est-à-dire QxPy=1, on a alors
aire(𝒟)= 𝒟dxdy= 𝒞Pdx+Qdy
On a donc ramené un calcul d'aire à un calcul d'intégrale curviligne. Par exemple, les champs de vecteurs donnés par (12y,12x), (y,0) ou (0,x) conviennent.
D'où les formules :
aire(𝒟)= 𝒟dxdy= 𝒞(xdyydx)/2
aire(𝒟)= 𝒟dxdy= 𝒞ydx
aire(𝒟)= 𝒟dxdy= 𝒞xdy

Prenons par exemple un domaine 𝒟 défini par axb, 0yf(x) pour une fonction f positive. Des trois formules précédentes, c'est la seconde qui est la plus intéressante pour ce domaine : l'intégrale curviligne est nulle sur les deux bords verticaux, elle est nulle aussi sur le bord horizontal inférieur car on a alors y=0. Donc , si C 1 est la courbe y=f(x), x[a,b],
aire(𝒟)= C 1ydx= a bf(x)dx

Ainsi, la formule de Green est une généralisation de la formule reliant l'intégrale d'une fonction positive avec l'aire du domaine associé.

document sur l'intégration et théorèmes classiques (théorème de Green-Riemann).
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